SP3.1 : Les mutations de l'emploi
SOCIOLOGIE ET SCIENCE POLITIQUE
SP3 : LES MUTATIONS DE L’EMPLOI ET DU TRAVAIL
SP3.1 : LES MUTATIONS DE L’EMPLOI
Questionnements |
Objectifs d’apprentissage |
Quelles mutations du travail et de l’emploi ? |
- Savoir distinguer les notions de travail, activité, statut d’emploi (salarié, non-salarié), chômage ; comprendre que les évolutions des formes d’emploi rendent plus incertaines les frontières entre emploi, chômage et inactivité. SP311
- Connaître les principaux descripteurs de la qualité des emplois (conditions de travail, niveau de salaire, sécurité économique, horizon de carrière, potentiel de formation, variété des tâches). SP312
3 heures
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SP311 : TRAVAIL, EMPLOI, CHÔMAGE
Savoir distinguer les notions de travail, activité, statut d’emploi (salarié, non-salarié), chômage (A) ; comprendre que les évolutions des formes d’emploi rendent plus incertaines les frontières entre emploi, chômage et inactivité. (B)
2h
A) Des définitions : distinguez travail, activité, statut d’emploi (salarié, non-salarié) et chômage
Le travail* désigne en économie toute activité rémunérée en vue de produire un bien ou un service. Le travail est l'un des 2 facteurs de la production, avec le capital.
Le travail renvoie à la seule activité de production rémunérée. Un bénévole d'une association ou un père de famille préparant le repas du soir pour ses enfants ne travaillent donc pas selon cette définition.
Le sens économique du mot « travail » doit être distingué du sens courant dans lequel le travail signifie un « métier » ou une activité pénible (le travail de l’élève n’est pas un travail au sens économique) ou un « emploi ».
Le travail, au sens économique, s'échange sur un marché du travail, selon les néo classiques, qui fixe notamment la quantité de travail utilisée et le niveau des rémunérations. La rémunération du travail est la contrepartie de la réalisation d'une production économique. Le travail a donc un double sens économique : il constitue un coût pour les producteurs qui l’emploient et un revenu pour les travailleurs qui l’exerce.
Gravitent autour de ce sens économique du travail de multiples notions connexes qui rendent complexe d'établir une définition complète: le travail est ainsi une valeur morale (la "valeur travail"), un pan du droit social (le "droit du travail"), ou un outil de production que l'on souhaite améliorer (la productivité du travail) ou un statut social (avoir un « travail » (sens courant) détermine la place de l’individu dans la société).
Un emploi* peut désigner le poste occupé par une personne dans le cadre d’une activité rémunérée. L'emploi, au sens global, désigne l'ensemble des personnes ayant un emploi.
C'est un terme vague, puisqu'il ne prend en compte ni la durée, ni la rémunération, ni le statut de cette activité (par exemple, la femme d'un commerçant qui aide son mari quelques heures par semaine en ayant un statut de collaborateur a un emploi tout comme le salarié d'une entreprise qui effectue 35 h par semaine, ou le médecin qui n'a pas d'horaires fixes).
La notion de statut* désigne les formes de l’emploi, plus précisément l’ensemble des dispositions législatives ou contractuelles qui fixent les droits et les obligations applicables au travailleur. Elle permet, pour l'ensemble des actifs ayant un emploi, de distinguer les personnes en emploi selon les modalités, les secteurs, etc … de leur activité rémunérée.
On peut ainsi distinguer les salariés des non-salariés: Les non- salariés travaillent à leur compte contrairement aux salariés qui ont un employeur.
Salariés : salariés du secteur privé ; salariés de la Fonction publique (État, collectivités locales, fonction publique hospitalière) ; salariés des entreprises publiques ou nationales et de la sécurité sociale.
Non-salariés : indépendants sans salarié ; employeurs ; aides familiaux.
Le salariat en CDI est le statut d’emploi majoritaire puisqu’il représente 88,3% des personnes en emploi en 2018.
Mais l’emploi salarié stable se retrouve fragilisé à partir des années 1970, sous l’effet de la conjoncture économique (apparition d’un chômage de masse) et de politiques visant à flexibiliser le marché du travail en assouplissant la législation encadrant les licenciements et le recours au travail temporaire. On a ainsi assisté à un recours croissant à l’externalisation (sous-traitance), mais aussi à la progression des embauches en contrats à durée déterminée (CDD) et des formes de travail « atypiques » ou formes particulières d’emploi (emplois à temps partiel, CDD, emplois aidés, emplois temporaires, saisonniers ou contractuels, travail indépendant, etc.).
Ces emplois atypiques ont connu une croissance importante depuis les années 1980, dont le rythme a largement excédé celle de la population en emploi, de sorte que leur part dans l’emploi total a fortement augmenté. À titre d’exemple, la proportion de contrats à durée limitée (CDD et autres contrats aidés) dans l’emploi total est passée de 4,5% en 1982, à 11,5% en 2015. Le CDD est désormais la nouvelle norme d’embauche puisque 87% des nouvelles embauches (hors intérim) se fait sous ce statut en 2018.
Ces formes d’emploi atypiques concernent particulièrement les jeunes et sont devenues un passage obligé dans la vie active. Elles recouvrent également des formes de sous-emploi comme les emplois à temps partiel subi.
Le chômage* (au sens BIT) désigne « l'ensemble des personnes qui répondent aux caractéristiques suivantes : être sans emploi, être disponible pour travailler, rechercher activement un emploi. »
Un individu est en activité ou est actif*, quand il est disponible pour la production économique : il s’agit donc des personnes en activité professionnelle (en emploi) et des chômeurs (actif cherchant un emploi). Ces personnes forment la population active. Est donc inactive, une personne qui n’a pas d’emploi et qui n’en cherche pas (retraités, personnes « au foyer », étudiants et scolaires, …).
DOCUMENT 1 : Actifs occupés, chômeurs et inactifs
Sources utilisées :
http://ses.webclass.fr/notion/travail
http://ses.webclass.fr/notion/emploi
B) Pourquoi les évolutions des formes de l'emploi rendent plus incertaines les frontières entre emploi, chômage et inactivité
=> Rappels du E311 : CHÔMAGE ET SOUS-EMPLOI, A) Définir le chômage et le sous-emploi
La définition du chômage pose problème du fait de l'augmentation des situations de sous-emploi* c'est-à-dire des situations intermédiaires ou transitoires dans lesquels les actifs travaillent moins en heures ou moins longtemps que la norme de l’emploi (« emploi typique »).
Le sous-emploi comprend les personnes actives occupées au sens du BIT qui remplissent l'une des conditions suivantes :
- Elles travaillent à temps partiel, souhaitent travailler davantage et sont disponibles pour le faire, qu'elles recherchent activement un emploi ou non ;
- Elles travaillent à temps partiel (et sont dans une situation autre que celle décrite ci-dessus) ou à temps complet, mais ont travaillé moins que d'habitude pendant une semaine de référence en raison de chômage partiel (chômage technique) ou mauvais temps. (Définition INSEE)
DOCUMENT 2 : Le halo du chômage
Questions :
1) Explicitez comment a été construit ce document.
2) Pourquoi le travail réduit volontaire se trouve dans cette intersection ?
3) Pourquoi le travail clandestin se trouve au centre du document ?
4) Pourquoi ce document remet-il en cause le document 1 ?
Il s’agit d’un « brouillage » des catégories entre emploi, chômage et inactivité qui se développe notamment du fait du développement des emplois « atypiques » ou précaires (CDD, intérims, temps partiel subi, … ) ou des dispositifs d'aides au retour à l'emploi (contrats aidés, stages, formation). On parle de halo du chômage.
DOCUMENT 3 : Evolution de la part des formes particulières d’emploi dans l’emploi total du privé, en %
Source : Alter éco plus (2015) d’après INSEE
Questions :
1) Présentez le document.
2) Présentez les données pour l’année 2011.
3) Quelles tendances révèlent ce document ?
4) Pourquoi illustre-t-il le titre du B ?
En 2019, parmi les 11,6 millions d’inactifs de 15 à 64 ans, 1,6 million appartiennent à ce halo du chômage (soit 3,8% des 15-64 ans). L’intérêt de cet indicateur est double. D’une part, il permet de rendre compte de la nature des obstacles au retour à l’activité des inactifs (problèmes de garde d’enfant, maladie, formation au moment de la passation de l’enquête emploi...). D’autre part, il permet de mettre en évidence la forte porosité entre chômage et inactivité (chômeur découragé ne recherchant plus d’emploi, demandeur d’emploi dispensé de recherche d’emploi), mais aussi entre inactivité et emploi (temps partiel choisi) et entre chômage et emploi (travail partiel subi). Sur 100 chômeurs pour un trimestre donné, 20,9% deviennent inactifs en 2016. Parmi ces chômeurs devenus inactifs, les 2/3 appartiennent alors au halo du chômage car ils ne satisfont plus aux critères de disponibilité et/ou de recherche active d’emploi du BIT.
SP312 : DECRIRE LA QUALITE DE L’EMPLOI
Connaître les principaux descripteurs de la qualité des emplois (conditions de travail, niveau de salaire, sécurité économique, horizon de carrière, potentiel de formation, variété des tâches).
1h
Quels sont les principaux descripteurs de la qualité des emplois ?
Au cours des dernières décennies, les types d’emploi se sont diversifiés dans de nombreux pays et les responsables politiques s’intéressent de plus en plus aux conditions de travail de leurs concitoyens. C’est pourquoi la mesure de la qualité de l’emploi a gagné en importance.
La qualité de l’emploi* qualifie les conditions de l’emploi relativement au bien-être de l’employé. C’est une notion multidimensionnelle : Quels sont les critères qui valorisent la qualité de l’emploi ? Quels « descripteurs » peut-on utiliser ?
Dans cette notion multidimensionnelle, on va inclure les conditions de travail, à savoir les horaires de travail, la pénibilité, l’environnement du travail, éventuellement les dangers que l’on peut avoir dans cet environnement de travail.
On va aussi inclure le niveau des salaires qui sont un élément important de la qualité de l’emploi, mais aussi des aspects qui concernent la sécurité de l’emploi.
La sécurité économique de l’emploi désigne la durabilité de l’emploi : est-elle permanente (forte sécurité : fonctionnaire, CDI dans les grandes structures) ou précaire (emplois atypiques). Le type de contrat, contrat permanent ou contrat temporaire, temps partiel, volontaire ou involontaire… participe donc à la qualité de l’emploi.
La qualité d’emploi va aussi dépendre de l’horizon de carrière : l’emploi occupé permet-il d’envisager une progression interne ou externe ? Ou au contraire, correspond-t-il à une stagnation professionnelle ?
Ce qui pose la question du potentiel de formation de l’emploi : l’emploi occupé permet-il un accès à la formation, c’est-à-dire la possibilité pour les travailleurs de se former et d’acquérir de nouvelles qualifications.
Enfin, la qualité de l’emploi dépend également de la variété des tâches : plus l’emploi est varié et plus il est épanouissant pour le salarié (contrairement à un travail répétitif et restreint, cf. travail à la chaîne).
Il existe d’autres prescripteurs possibles : sécurité eu travail, qualité du dialogue social et des relations sociales au travail, conciliation avec la vie privée, etc …
DOCUMENT 4 : Les descripteurs de la qualité de l’emploi
Questions :
1) Pour chacun des critères de qualité présentés, chercher des emplois qui sont qualitatifs.
2) Pour chacun des critères de qualité présentés, chercher des emplois qui sont peu qualitatifs.
DOCUMENT 5 : Innovation et qualité de l’emploi
https://www.youtube.com/watch?v=4TkqwxtNqw0
Questions :
1) Quel est le constat fait par la chercheuse ?
2) Est-ce vrai partout ? Quels critères met-elle en avant ?
Sources utilisées :
https://ec.europa.eu/eurostat/fr/web/labour-market/quality-of-employment
https://sorbonneco.hypotheses.org/1880