SP2.1 : Ecole et démocratie
SOCIOLOGIE ET SCIENCE POLITIQUE
SP2 : ECOLE, DEMOCRATIE ET INEGALITES
SP2.1 : ECOLE ET DEMOCRATIE
Questionnements |
Objectifs d’apprentissage |
Quelle est l’action de l’École sur les destins individuels et sur l’évolution de la société ? |
-Comprendre que, dans les sociétés démocratiques, l’École transmet des savoirs et vise à favoriser l’égalité des chances SP211
Comprendre l’évolution, depuis les années 1950, des principaux indicateurs mesurant l’accès à l’école et à l’enseignement supérieur (taux de scolarisation, taux d’accès à un diplôme ou à un type de formation) en distinguant les processus de massification et de démocratisation.SP212
1 semaine (6 heures) |
SP211 : LES PROJETS DE L’ECOLE REPUBLICAINE
Comprendre que, dans les sociétés démocratiques (A), l’École transmet des savoirs et vise à favoriser l’égalité des chances (B)
2h
A)Quelle est la place de l’école dans les sociétés démocratiques ?
Pourquoi l’école acquiert-elle une importance cruciale dans les démocraties ?
Les démocraties modernes qui apparaissent à partir du XVIIème siècle reposent sur la reconnaissance de droits politiques et juridiques fondamentaux : l’égalité des citoyens repose sur l’égalité des droits à l’expression et à l’opinion, l’égalité des droits de vote et l’égalité devant la justice (état de droit).
Cependant ces droits ne suffisent pas pour caractériser cette modernité démocratique : la démocratie moderne est aussi un processus social qui tend à « égaliser les conditions » entre les citoyens (Alexis de Tocqueville, 1835) : les démocraties modernes connaissent une dynamique en vertu de laquelle la société s’organise autour d’une vaste classe moyenne qui rapprochent les modes de vie entre riches et pauvres. Les positions sociales ne sont plus déterminées par la naissance comme dans l’Ancien Régime aristocratique mais par les mérites individuels. C’est la méritocratie. Les démocrates modernes aspirent ainsi à un « idéal égalitaire » : s’ils existent toujours des inégalités, elles ne peuvent être que provisoires et légitimes.
La méritocratie* est un système de gouvernance ou d'organisation dans lequel les postes et responsabilités sont assignés aux individus qui ont démontré leur compétence, leur intelligence ou aptitude (« mérite »).
Si les positions sociales sont déterminées au mérite, il n’y a plus de « race de riches et de races de pauvres ». La hiérarchie sociale résulte de la mobilité sociale grâce à laquelle chacun peut trouver une place selon ses mérites. Charge alors aux états et aux institutions de garantir la fluidité de la société pour ouvrir les « places » à chacun. C’est dans le cadre de ses principes démocratiques qu’émerge l’école qui doit évaluer et légitimer les mérites, notamment par la distribution des diplômes, clés de la réussite sociale et professionnelle.
Pour la France, l'option choisie a été celle d’une école républicaine (valeurs démocratiques), gratuite (ouverte à tous) et laïque (indifférente aux cultes privés).
B) Quelles sont les missions de l’école ? savoir et égalité des chances
D’une manière globale, on peut distinguer 3 grandes missions pour l’école républicaine française :
- l'instruction : transmettre des connaissances et des savoirs ;
- la formation : préparer à la vie professionnelle ; le diplôme est pensé comme un certificat qui valide des compétences qui ont une certaine valeur pour les employeurs (cf. capital humain*)
- l'éducation : former les individus à la citoyenneté c’est-à-dire à la connaissance et l’exercice des droits et devoirs du citoyen et au « vivre ensemble » (tolérance, socialisation, des valeurs communes).
Ces missions doivent se déployer dans un cadre d’ouverture à l’ensemble des « enfants de la République » : l'école a un devoir de se démocratiser (améliorer l'accueil des jeunes issus des catégories populaires) et de promouvoir l’égalité des chances*.
L'égalité des chances* suppose que le statut social des individus d'une génération ne dépende plus des caractéristiques ethniques, religieuses, sexuelles ou sociales, héritées mais des seuls mérites individuels.
Le projet d’une école démocratique repose donc sur le droit de chacun à une position sociale conforme à ses mérites et oblige les institutions scolaires à garantir à tous les mêmes chances de réussite. L'objectif de l'égalité des chances est de rendre la hiérarchie sociale méritocratique.
Ces principes établis, comment peut-on situer l’école française au regard de ses missions ?
SP212 : LES EVOLUTIONS RECENTES DE L’ECOLE FRANCAISE
Comprendre l’évolution, depuis les années 1950, des principaux indicateurs mesurant l’accès à l’école et à l’enseignement supérieur (taux de scolarisation, taux d’accès à un diplôme ou à un type de formation) (A), en distinguant les processus de massification et de démocratisation (B).
4h
A) Comment mesurer l’accès à l’école et à l’enseignement supérieur ?
Utiliser des indicateurs : taux de scolarisation, taux d’accès à un diplôme ou à un type de formation
Depuis les années 50, la France est entrée dans un vaste processus de démocratisation, symbolisé par l'objectif de rendre bacheliers 80% des jeunes d'une classe d'âge. Il s'agissait de développer le capital humain et technologique de la France. Actuellement, l’objectif du système solaire est d’amener 50% d’une classe d’âge au niveau Bac+3 (En 2016, 16 % des 25-34 ans ont un niveau Bac+2, 29% ont un niveau supérieur à Bac+2).
Pour réaliser cet objectif ambitieux, l'école a dû connaître de profondes réformes : construction de locaux, recrutement d'enseignants, refonte du collège, restructurations des filières et des options au lycée, émergence des baccalauréats professionnels et technologiques …Ces objectifs peuvent être lus grâce à l’évolution de la dépenses intérieures d’éducation (DIE) mesurée par l’INSEE et l’EN.
DOCUMENT 1 : Evolution de la dépense intérieure d’éducation
La dépense intérieure d'éducation rassemble toutes les dépenses effectuées, sur le territoire national, par l'ensemble des agents économiques, administrations publiques centrales et locales, entreprises et ménages, pour les activités d'éducation (INSEE).
INSEE, 2019
Questions :
1) Présentez mentalement le document.
2) Que signifie les chiffres 6,7% et 160 pour 2018 ?
3) Relevez les principales tendances depuis 1980. Que nous apprennent-elles ?
DOCUMENT 2 : Evolution de la dépense par élève ou étudiant
Questions :
1) Présentez mentalement le document.
2) Relevez les principales tendances depuis 2008 pour chacune des courbes. Que nous apprennent-elles ?
DOCUMENT 3 : Le coût d'un élève ou d'un étudiant pour la collectivité
Le coût d'un élève ou d'un étudiant pour la collectivité |
|
Dépense moyenne annuelle |
|
Maternelle |
6 500 |
Élémentaire |
6 180 |
Ensemble premier degré |
6 300 |
Collège |
8 580 |
Lycée (général et technologique) |
10 870 |
Lycée professionnel |
12 380 |
Apprentissage* |
7 780 |
Ensemble second degré |
9 720 |
Université (y compris IUT) |
10 210 |
Sections de techniciens supérieurs (BTS) |
13 780 |
Classes préparatoires aux grandes écoles |
15 110 |
Ensemble enseignement supérieur |
11 510 |
Coût moyen d'un élève ou d'un étudiant |
8 480 |
*Hors coût de la formation dispensée sur le lieu de travail.
Source : ministère de l'Éducation nationale - Données 2016 (provisoires) - © Observatoire des inégalités
Questions :
1) Présentez mentalement le document.
2) Quelle tendance nous donne ce document ?
3) En partant d’une scolarité à la maternelle, calculez le coût de la scolarité d’un enfant jusqu’au baccalauréat.
4) Qui supporte ce coût moyen ?
DOCUMENT 4 : Dépenses en éducation dans une sélection de pays
Questions :
1) Présentez mentalement le document.
2) Quelles peuvent être les données de référence à utiliser pour étudier les données ?
3) Situez la France grâce à ce document.
D’autres indicateurs permettent de mesurer les effets de ces dépenses, comme le taux de scolarisation et les taux d’accès à un diplôme ou à un type de formation.
Le taux de scolarisation* est le rapport entre le nombre d'élèves d'un âge déterminé inscrits dans un établissement d'enseignement et le nombre de jeunes de cet âge.
Le taux d’accès à un diplôme ou à un type de formation* est le rapport entre le nombre d'élèves d'un âge déterminé qui a obtenu un diplôme ou une formation et le nombre de jeunes de cet âge.
DOCUMENTS 5 : Taux de scolarisation en France
Questions :
1) Présentez mentalement les documents.
2) Pour chacun des documents, repérer la variable pour laquelle on évalue le taux de scolarisation.
3) Situez la France grâce à ce document.
DOCUMENTS 6 : Taux d’accès à un diplôme ou à un type de formation en France
Obtention du baccalauréat selon la génération et le milieu social
Source : Ministère de l’Éducation nationale, L’état de l’école, 2014.
Répartition des diplômés
Part des diplômés de l'enseignement supérieur selon l'âge en 2012 (en %) Insee (enquête Emploi), traitements MENESR-DEPP
Questions :
1) Présentez mentalement les documents.
2) Pour chacun des documents, repérer la population de laquelle on cherche à déterminer le taux d’accès.
3) Quels diplômes servent de référence dans ces différents documents.
4) Quelles tendance ces diplômes révèlent-ils ?
Au cœur de cet effort d’éducation, le diplôme reste la clé de l'insertion et de la réussite professionnelle. L'école soit le principal vecteur de « l'ascenseur social » dans nos sociétés et c'est notamment vrai pour les jeunes issus des catégories les plus défavorisés. Aujourd'hui, si le diplôme ne garantit plus l'accès à l'emploi et notamment à un emploi équivalent au niveau du diplôme obtenu (déclassement des diplômes, surqualification des travailleurs), il reste que l'absence de diplôme est la première cause du chômage et du positionnement durable dans le précariat.
Pendant les " Trente Glorieuses ", dans un contexte de forts changements dans la structure des emplois, avec une progression de la part des professions intermédiaires et des cadres, c'est l'école qui a permis de trouver parmi les enfants d'ouvriers ou d'employés ceux qui étaient les plus aptes à exercer ces emplois et qui a donc rendu possible leur ascension sociale. Ce processus de qualification de l’emploi se poursuit, continuant à ouvre des places aux diplômés. Pour ceux qui sont issus des petites classes moyennes et des classes populaires, le diplôme reste une chance de progression sociale.
DOCUMENTS 7 : Le diplôme, un passeport pour l’emploi
Questions :
1) Présentez mentalement les documents.
2) Relevez dans ces documents les données qui justifient le titre des documents 7.
3) Relevez quelques données qui le nuancent.
B) Pourquoi faut-il distinguer démocratisation et massification ?
Si l’école française a incontestablement améliorer l’accès à l’école et à l’enseignement supérieur depuis les années 50, cet effort a-t-il profité à la démocratisation scolaire ? Cette ouverture a-t-elle permis de concrétiser l’ « idéal égalitaire » et contribué au développement de la méritocratie ?
Obtention du baccalauréat selon la génération et le milieu social
Source : Ministère de l’Éducation nationale, L’état de l’école, 2014.
DOCUMENT 8 : Taux de réussite au baccalauréat depuis 1995
Questions :
1) Présentez le document.
2) Quelles tendances globales ce document met-il en évidence ?
3) Nuancez ces tendances globales.
4) Peut-on parler d’une « démocratisation » du baccalauréat ?
Débat : assiste-t-on à une véritable démocratisation scolaire ou à une massification ?
La massification* est un constat : il y a de plus en plus d’enfants qui fréquentent les institutions scolaires et de plus en plus longtemps. C’est notamment le cas pour ceux qui en étaient les plus éloignés avant 1950 : les classes moyennes et les classes populaires.
La démocratisation* est plus qualitative que ce constat purement quantitatif : elle évalue l’égalité des chances en prenant en compte les effectifs initiaux selon l’origine sociale et leurs représentations dans les différentes filières de l’école et notamment les filières d’excellence (bacs généraux, écoles d’ingénieurs, diplômes Bac+5, écoles de commerce, médecine, IEP, ENA, …).
Depuis les années 50, le nombre de jeunes qui fréquentent les structures scolaires augmente. Mais cette massification est-elle vraiment une démocratisation ?
Les résultats scolaires connaissent de fortes disparités liées aux origines sociales. On peut donc parler d'inégalités scolaires*. L'augmentation quantitative du nombre de bacheliers doit être nuancée en distinguant la « valeur scolaire et professionnelle » des différents bacs. Les élèves des catégories populaires sont surreprésentés dans les filières techniques et professionnelles, les moins valorisés scolairement et professionnellement.
DOCUMENT 9 : Origine sociale des étudiants français au cours de l’année 2012-2013 (en %)
Source : Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, 2013.
Questions :
1) Présentez le document.
2) Pourquoi les données de ce document peuvent illustrer les limites de la démocratisation de l’école ?
A ces écarts dans les taux d’accès aux diplômes et aux formations, notamment les plus valorisées professionnellement, il faut aussi s’interroger sur une éventuelle baisse de la valeur des diplômes. Le bac illustre cette thématique.
DOCUMENTS 10 : La valeur professionnelle du bac en question
Le taux d’insertion présenté correspond à l’insertion trois ans après l’obtention du diplôme. Le salaire médian est le salaire au premier emploi des individus qui ont eu au moins un emploi trois ans après l’obtention du diplôme.
L’insertion professionnelle selon le niveau de diplôme
Source : CEREQ, enquête 2010 auprès de la génération 2007 (CEREQ, 2011).
Source : Louis Chauvel, « Déclassement intragénérationnel, Déclassement intergénérationnel, Déclassement scolaire, Déclassement géographique, Déclassement systémique » Sciences Po / Institut Universitaire de France / OFCE / OSC», 2014 https://slideplayer.fr/slide/2580602/
Questions :
1) Présentez mentalement les documents.
2) Pourquoi les données de ce document peuvent illustrer la perte de valeur professionnelle du bac ?
3) Nuancez ce constat.
Autrefois diplôme qui ouvrait les carrières de cadre, le bac reste le premier diplôme universitaire mais ne constitue plus forcément un niveau suffisant pour accéder à un rôle professionnel reconnu et valorisé. De ce fait, le bac ne subit-il pas un « déclassement » (Camille Peugny, Louis Chauvel) ?
Le lien entre certains diplômes et emploi semble de moins en moins net. Le diplôme des enfants peut être assez nettement supérieur à celui de leurs parents sans que leur statut social le soit. C'est ce que l'on appelle le paradoxe d'Anderson. Le paradoxe d'Anderson montre que le fait de posséder un niveau de diplôme supérieur à celui de ses parents ne garantit pas de se trouver dans une position sociale plus élevée que la leur.
Dans ce contexte, on pourrait parler du maintien d’une inégalité des chances au détriment de certains jeunes issus des classes populaires notamment. Cela désigne une situation objective où les membres d'une collectivité, du fait de leur appartenance à un corps social particulier, une religion ou une ethnie, n'ont pas les mêmes droits d'accès à toutes les positions sociales statutaires.
Des classes préparatoires et des grandes écoles toujours aussi fermées :
https://www.inegalites.fr/Des-classes-preparatoires-et-des-grandes-ecoles-toujours-aussi-fermees
Les inégalités scolaires résultent principalement sur des facteurs économiques et sociaux: l'inégalité devant la culture, l'inégalité devant l'éducation, etc., montre que les individus ne bénéficient pas des mêmes chances en raison de position différente dans l'échelle sociale.
DISSERTATION : METHODES ET REDACTION
L’école française parvient-elle à construire une véritable démocratisation du système scolaire ?