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INITIATION A L'EC2

SOCIOLOGIE

S2 : Normes, socialisation et déviance

 

INITIATION A L'EC2

 

 

 

La Socialisation des personnes immigrées

 

Document A

 

L’immigration a changé de nature : en se pérennisant, elle a perdu de son aspect purement économique ; en se stabilisant, elle est devenue familiale. En 1974, la France avait décidé de suspendre l’immigration de travail, pour admettre consécutivement une immigration familiale. L’arrivée d’épouses et d’enfants mineurs a contribué au rajeunissement de la population immigrée.

(…) La présence permanente d’étrangers pose le problème de leur insertion dans la société française, de leur alphabétisation, de leur logement et de la scolarisation de leurs enfants. Mais chaque fois que l’on parle publiquement de l’intégration, c’est la nationalité qui revient comme une litanie dans tous les débats. L’État n’a visiblement qu’une réponse juridique à donner par le biais du Code de la nationalité. (…)

Parler de naturalisation et d’acquisition de la nationalité française implique que la question de la nation soit résolue, parce qu’elle participe de la socialisation, de l’intégration sociale. On ne s’intéressera pas à la nation en tant que justification et légitimation du pouvoir, mais comme réceptacle devant accueillir et intégrer des individus différents. La nation offre un cadre fonctionnel dans lequel pourra se réaliser l’épanouissement socio-économique, voire culturel, de l’homme.

 

Mohand Khellil (2005), Sociologie de l’intégration, PUF

 

Questions :

1) Selon ce texte, parler de « naturalisation » suffit-il pour l’intégration des personnes immigrées ?

2) A l’aide du document et de vos connaissances, vous expliquerez comment les individus expérimentent et intériorisent des façons d'agir, de penser et d'anticiper l'avenir socialement situées ?

 

 

Document B

 

La naturalisation des étrangers suppose leur re-socialisation. C’est donc bien d’intégration sociale qu’il va falloir parler dans ce cadre national.

En effet, les immigrés ont déjà été socialisés dans leurs pays d’origine et on doit parler de re-socialisation à leur endroit. La référence aux diverses interactions entre individus va être fondamentale dans la mesure où le paradigme de l’interaction permet de concevoir la socialisation comme processus adaptatif. Pour l’étranger, il sera donc plus exact de se référer à la socialisation dite secondaire. Au demeurant, la socialisation ne constitue pas un bloc monolithique : elle laisse une large place au débat car, si certaines valeurs sont irréversibles, d’autres, au contraire, changent en fonction des situations vécues. Et c’est ce qui explique l’émergence de ce concept comme l’adaptation, la conformité, parce que l’individu peut parfois voir les choses autrement et être perçu comme un outsider ou un stigmatisé.

 

Mohand Khellil (2005), Sociologie de l’intégration, PUF

 

Questions :

1) Pourquoi l’auteur de ce texte évoque-t-il une « re-socialisation » pour l’intégration des personnes immigrées ?

2) A l’aide du document et de vos connaissances, vous expliquerez qu’il existe des socialisations secondaires à la suite de la socialisation primaire.

 

 

Document C

 

Mais quel sera l’agent de socialisation le plus adéquat ? Les pairs, les médias et la rue peuvent jouer leur rôle comme le soulignent la plupart des sociologues. Ce peut être aussi dans le cadre du travail que cette socialisation pourra se réaliser, en liaison avec la définition de l’identité. La famille est le lieu privilégié pour des raisons évidentes de « socialisation infantile ». Quant à l’école, trois raisons au moins militent en sa faveur : d’une part, elle nous paraît être le facteur essentiel dans le domaine de l’apprentissage, et pas seulement linguistique ; d’autre part, elle est le contact le plus durable qu’a l’enfant avec les normes de la société ; enfin, parce que la socialisation concerne davantage les jeunes générations (cela est encore plus vrai pour les enfants de migrants).

En définitive, nous nous apercevons que l’école fait une place non négligeable à la culture des élèves d’origine étrangère. Il est vrai que la France a abandonné son œuvre « assimilatrice » pour des ambitions plus modestes et proposer aux immigrés et à leurs enfants, d’abord l’ « insertion » puis l’ « intégration ».

 

Mohand Khellil (2005), Sociologie de l’intégration, PUF

 

Questions :

1) Selon l’auteur, pourquoi l’école est-elle un lieu privilégié pour la socialisation des enfants issus de l’immigration ?

2) A l’aide du document et de vos connaissances, vous expliquerez comment les individus expérimentent et intériorisent des façons d'agir, de penser et d'anticiper l'avenir socialement situées ?

 

 

Les représentations sexuées dans les manuels scolaires

 

Document D

 

Afin de rendre plus concrets et attractifs les apprentissages, les cours et les exercices [dans les manuels de mathématiques] mettent en scène des personnages : des enfants comparent leur nombre de billes, un adulte fait des achats ou s’interroge sur sa consommation d’essence, etc. Les représentations sociales du masculin et du féminin s’incarnent dans ces personnages et c’est à travers eux que les manuels donnent à voir ce qu’est être une femme, un homme, un garçon, une fille.

Ces représentations sociales sont élaborées de façon complexe par la combinaison de plusieurs éléments. Par exemple, dans 4 collections de manuels de mathématiques utilisés à l’école primaire en France, le recensement de la population des personnages fait apparaître de forts déséquilibres numériques. On observe deux constantes : une forte présence des personnages de petits garçons et à l’inverse une grande rareté de femmes. Il y a un véritable déni de la présence des femmes dans ces manuels.

Ainsi, ces manuels ne sont ni des reflets de la réalité ni des productions assurant réellement la promotion de l’égalité entre les sexes. Ces observations ne sont pas spécifiques aux manuels de mathématiques utilisés en France. Elles se confirment dans différents corpus de manuels, dans des disciplines et des pays très divers, mais aussi dans d’autres genre d’écrits destinés à la jeunesse : albums illustrés, roman, presse jeunesse.

 

Entretien avec Carole Brugeilles réalisé par l’Ined en octobre 2013, https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/memos-demo/paroles-chercheurs/carole-brugeilles/

 

Questions :

1) Selon l’auteur, pourquoi les manuels scolaires de mathématiques peuvent-ils être  source de reproduction des discriminations sexuelles ?

2) A l’aide du document et de vos connaissances, vous expliquerez comment les individus expérimentent et intériorisent des façons d'agir, de penser et d'anticiper l'avenir socialement situées ?

 

 

Socialisation et réussite scolaire

 

Document E

Répartition des lycéens selon leur origine sociale à la rentrée 2017 (en %)

 

 

Questions :

1) Comparez la situation des élèves issus de milieu défavorisé et celui de milieu très favorisé dans les 3 filières.

2) A l’aide du document et de vos connaissances, vous expliquerez comment les individus expérimentent et intériorisent des façons d'agir, de penser et d'anticiper l'avenir socialement situées ?

 

 

Document F

 

Origine sociale des nouveaux bacheliers s’inscrivant dans l’enseignement supérieur en 2016 (en %)

 

 

CPGE : Classe préparatoire aux grandes écoles / STS : Section de technicien supérieur

 

Questions :

 

1) Comparez la proportion des enfants d’ouvriers à celle des enfants de professions libérales, cadres et enseignants dans population des étudiants inscrits en CPGE et en STS.

2) A l’aide du document et de vos connaissances, vous expliquerez comment les individus expérimentent et intériorisent des façons d'agir, de penser et d'anticiper l'avenir socialement situées ?

 

Document G

 

Ce sont surtout Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron qui ont fait de la sociologie de l'éducation une préoccupation importante de la sociologie contemporaine en publiant Les Héritiers (1964) et La Reproduction (1970). […] Leur thèse centrale est que l'école reproduit les inégalités sociales à travers des méthodes et des contenus d'enseignement qui privilégient implicitement une forme de culture propre aux classes dominantes. La pratique du cours magistral, qui se fonde sur l'usage d'un langage cultivé sans en dévoiler les mécanismes, induit une « complicité cultivée » entre les enseignants et les élèves des milieux culturellement favorisés, déjà accoutumés à ce type de rapport au langage. Sous couvert d'universalisme, l'école leur permettrait en fait de faire fructifier le « capital culturel » que leur transmettent leurs parents.

 

Source : Sciences Humaines n° 161, Juin 2005

 

Questions :

1) Comment l’école reproduit-elle les inégalités sociales selon les auteurs évoqués dans le document ?

2) A l’aide du document et de vos connaissances, vous expliquerez comment les individus expérimentent et intériorisent des façons d'agir, de penser et d'anticiper l'avenir socialement situées ?

 

 

Document H

 

C’est sur les conseils de ses professeurs du lycée que Mathieu, fils d’ouvrier, a suivi une classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE) et intégré HEC(1). Ce sont aussi des enseignants de lycée qui ont guidé Laura (Essec(1)), fille d’un ouvrier et d’une employée immigrés portugais, vers la CPGE. Ces élèves ne possèdent pas véritablement au départ d’informations sur l’orientation, leur famille ayant une faible connaissance du système scolaire. Ils profitent, en revanche, la plupart du temps, de circonstances et de rencontres avec des acteurs extérieurs à la famille pour s’informer et confirmer leurs orientations. La figure de l’enseignant comme aiguilleur scolaire est récurrente et patente. Si les conseils d’orientation peuvent être ponctuels pour certains, ils jalonnent, pour d’autres, l’ensemble de la scolarité. Erwan (qui fait Polytechnique(1)) déclare avoir eu des professeurs décisifs dans ses choix d’orientation tout au long de son parcours scolaire : à l’école primaire, une institutrice l’oriente vers un collège doté d’une classe européenne ; au collège, un professeur lui déconseille de prendre une option technologique tandis qu’un autre l’encourage notamment à s’inscrire dans un lycée renommé ; au lycée, il apprendra l’existence des CPGE ; enfin en CPGE, un enseignant lui donnera des conseils stratégiques pour augmenter ses chances d’atteindre l’X (école polytechnique).

Les orientations successives engagent inexorablement en fermant et en ouvrant des portes. Les enseignants éclairent le chemin vers la riuscita, la « bonne issue ». S’ils forment et informent, d’autres acteurs guident ces élèves de milieux populaires dans les carrefours de l’orientation scolaire. Par exemple, Stéphanie, normalienne(2), fille d’employés non diplômés, bénéficiera de l’intervention dans son orientation du père de sa meilleure amie : « Il m’a déjà fait part de l’existence des classes préparatoires, qu’évidement je ne connaissais pas, et que je n’aurais, sans doute pas, connues sans lui (…), il m’a dit qu’il fallait que j’aille à Henri IV. » […] Ces élèves, en se saisissant des informations absentes de leur cercle familial, maintiennent voire renforcent leur excellence au fil des épreuves scolaires.

 

(1)Grandes écoles de commerce ou d’ingénieur.

 

(2)Diplômée de l’Ecole Normale Supérieure, école qui propose une formation en 4 ans de haut niveau, dans des domaines variés : lettres et langues, arts et design, sciences humaines et sociales, droit, économie et management, sciences et technologies, sport.

 

Source : « Parcours de réussite en milieu populaire », Castets-Fontaine Benjamin, Sciences Humaines, Octobre 2011.

 

Questions :

1) Pourquoi la figure de l’enseignant comme « aiguilleur scolaire » est-elle importante dans les exemples présentés dans le document ?

2) A l’aide du document et de vos connaissances, vous expliquerez comment les individus expérimentent et intériorisent des façons d'agir, de penser et d'anticiper l'avenir socialement situées ?



16/06/2025