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E2.1 : Fondements du commerce international

SCIENCE ECONOMIQUE
E2 : FONDEMENTS DU COMMERCE INTERNATIONAL ET DE L’INTERNATIONALISATION DE LA PRODUCTION

 

 

 

 

E2.1 : FONDEMENTS DU COMMERCE INTERNATIONAL    

 

 

Questionnements

Objectifs d’apprentissage

 

Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ?

-Comprendre le rôle des dotations factorielles et technologiques (avantages comparatifs) dans les échanges commerciaux et la spécialisation internationale. E211

 

-Comprendre le commerce entre pays comparables (différenciation des produits, qualité des produits, et fragmentation de la chaîne de valeur). E212

 

1 semaine (6h)

           

 

Dans cette section, nous chercherons à faire apparaître les raisons (= les causes, justifications) qui expliquent pourquoi les pays ouvrent leurs économies : Pourquoi s'ouvrir et se spécialiser ?

 

Spontanément, on pourrait invoquer les arguments suivants :

- Nous ouvrons pour importer des produits parce que nous ne pouvons pas les produire : soit nous ne disposons pas des ressources naturelles ou des facteurs de production (travail et/ou capital) nécessaires pour les produire (Ex : la France importe du pétrole, la France importe des voitures allemandes). Cet argument amène à réfléchir au rôle de la dotation factorielle dans les échanges internationaux. (A)

- Nous ouvrons pour importer des produits parce que nous préférons laisser à d'autres la production de ces produits pour nous consacrer à d'autres productions (Ex : la France importe du textile chinois). Cet argument amène à réfléchir au rôle de la dotation technologique dans les échanges internationaux. (B)

- Nous ouvrons parce que l'ouverture permet d'exporter : « recevoir » les importations à une contrepartie ; nous pouvons exporter.

 

 

 

E211 : DOTATION FACTORIELLE ET AVANTAGES COMPARATIFS

 

Comprendre le rôle des dotations factorielles (A) et technologiques (avantages comparatifs) dans les échanges commerciaux et la spécialisation internationale (B).

 

3h

 

A) Quel est le rôle des dotations factorielles dans les échanges internationaux ?

Nous importons pour nous procurer des ressources que nous n'avons pas

 

 

Au début du XXème siècle, 2 économistes suédois (Eli Hecsker et Bertil Ohlin) vont montrer qu'il faut intégrer tous les facteurs de production dont dispose un pays pour le situer dans le commerce international. La dotation factorielle* désigne les ressources dont dispose une économie pour produire. En général, ces ressources sont d'abord les facteurs de production (travail, capital, progrès technique).

 

Selon eux, ce sont donc les dotations en facteurs de production (« dotation factorielle ») qui déterminent la spécialisation internationale d'une économie. De ce fait, l'échange international est un échange de facteurs abondants contre des facteurs rares : un pays exporte des biens dont la production réclame une grande quantité du facteur qu'il possède en abondance et importe plutôt des biens qui réclament un facteur de production dont il moins doté.

 

Cette dotation en facteurs de production détermine donc la division internationale du travail (DIT) : les pays échangent des facteurs de production intégrés aux produits qu’ils échangent. Ainsi, les pays forts en capital humain (pays qui investissement dans la capital technique et technologique, dans l’éducation) ont tendance à exporter des produits intégrant un savoir-faire que les autres pays ne peuvent maîtriser (la France exporte du textile de luxe, l’Allemagne exporte des voitures de luxe). A l’inverse, les pays à bas salaires (capital humain limité) exportent vers les pays à hauts salaires des produits bon marché que ces pays leur abandonnent (la France importe du textile bas de gamme, l’Allemagne importe des produits électroménagers de base).

 

 

B) Quel est le rôle des dotations technologiques ? les avantages comparatifs

Pourquoi laisser à d'autres ce que nous pouvons produire ?  


 

A la fin du 18ème siècle, l'économie britannique est la plus puissante du monde car c'est la première à s'être engagée dans la Révolution industrielle. Elle utilise sa puissante marine pour exporter une partie de sa production, mais cherche à protéger ses frontières des importations étrangères, et notamment agricoles. Les « corn laws » sont instituées pour protéger la production agricole britannique. Les économistes classiques libéraux vont contester ce protectionnisme qui, selon eux, provoque une hausse artificielle des prix, au détriment du pouvoir d'achat des populations britanniques. Deux économistes classiques vont théoriser les vertus du libre-échange et montrer les effets négatifs induits par les corn laws : Adam SMITH et David RICARDO.

 

La théorie associée aux avantages comparatifs* explique que, dans un contexte de libre-échange, chaque pays, s'il se spécialise dans la production pour laquelle il dispose de la productivité la plus forte ou la moins faible, comparativement à ses partenaires, accroîtra sa richesse nationale. Cette production est celle pour laquelle il détient un « avantage comparatif ».

 

 Drap contre vin, l'exemple de Ricardo

Ricardo propose une explication du commerce international par les avantages   comparatifs, qu'il expose à l'aide d'un exemple numérique. Ricardo considère deux nations, l'Angleterre et le Portugal, qui produisent deux marchandises, le drap et le vin. Les conditions de production, décrites par les coûts unitaires de production mesurés en unités de travail, sont différentes dans les deux pays, de façon telle que les coûts unitaires de production sont plus faibles, pour les deux biens, au Portugal, comme l'indique le tableau ci-dessous.

 

Coûts unitaires de production pour produire une unité de bien

 

(en heures de travail)

Angleterre

Portugal

Drap

3

2

Vin

9

1

 

 

Dans l'exemple présenté, on constate que le Portugal, absolument plus compétitif que l'Angleterre dans les 2 types de production, est relativement plus compétitif dans la production de vin (9 x plus contre 1,5x pour le drap). Plutôt que de répartir ses facteurs de production dans les 2 productions, le Portugal aura intérêt à ne produire QUE du vin (spécialisation) qu'elle échangera ensuite contre du drap anglais. Ce faisant, elle obtiendra plus de drap par l'échange que si elle avait dû répartir ses ressources dans la production des 2 biens. Même le Portugal, absolument plus compétitif, a intérêt à la spécialisation et au libre-échange.

Dessine-moi l'éco : Qu'est-ce que l'avantage comparatif ?

 

Les économies de marché sont organisées de telle sorte que chacun, se spécialisant dans une activité professionnelle pour laquelle il a des compétences, peut obtenir par son travail les moyens économiques (en monnaie) qui lui permettent ensuite d'acquérir les biens et services qu'il n'a pu produire en ne se consacrant qu'à son activité professionnelle.

 

La spécialisation* au sens économique est pour un individu ou un pays le fait de concentrer sa production dans un secteur économique ou un secteur d'activité donné.

L'échange marchand aboutit donc à une division générale du travail reposant sur la spécialisation.

 

Ce raisonnement est donc transposable au niveau international : on parle alors d'une division internationale du travail (DIT) : chaque pays a intérêt à se spécialiser dans ce pour quoi il a un avantage relatif (ou comparatif) et laisser aux autres pays les autres productions. Ce principe de la spécialisation élaboré en 1817 (Cf. D. Ricardo, Des principes de l'économie politique et de l'impôt) continue à être une référence incontournable pour expliquer les mouvements du commerce international. Néanmoins, certaines théories cherchent à le compléter.

 

 

E212 : POURQUOI DES PAYS COMPARABLES COMMERCENT-ILS ?

 

Comprendre le commerce entre pays comparables (différenciation des produits, qualité des produits (A), et fragmentation de la chaîne de valeur(B)).

 

3h

 

Dans le E211, nous avons pu justifier les échanges entre pays qui importaient et exportaient des produits différents ( du drap contre du vin) Cependant, cette approche ne correspond plus forcément à la réalité du commerce entre pays.  Dans les années 80, l'approche d'inspiration ricardienne jusqu'alors dominante est contestée par « une nouvelle théorie du commerce international » dont l'initiateur le plus connu est Paul Krugman :  le commerce international se développe le plus entre des nations de niveau de développement comparable, aux dotations factorielles identiques (l'Allemagne est le premier partenaire économique de la France) et qui s’échangent des produits semblables ou comparables. Les échanges intra-branches* occupent une part significative dans le commerce

 

Commerce intra-branche* : L'échange international intrabranche désigne les échanges entre pays de produits similaires, c’est à dire situés dans la même gamme ou la même branche.

 

 

 

DOCUMENT 1 : Les principaux partenaires de la France

 

Graphique: La Chine, 6ème partenaire commercial de la France ...

 

Questions : 
1) Présentez le document.           
2) Relevez les pays qui reçoivent le plus de produits français ? les pays qui vendent le plus de produits à la France ?        
3) Ces pays sont-ils économiquement très différents de la France ?

 

 

Par exemple, le principal partenaire commercial de la France est l’Allemagne qui est l’économie structurellement la plus proche de la nôtre.

 

Comment expliquer ce « paradoxe » au regard des arguments en termes de dotation factorielle et technologique ? POURQUOI DES PAYS COMPARABLES COMMERCENT-ILS ?

 

 

A) Pourquoi des pays comparables commercent-ils ?
Un effet sur l’offre de produits : Différenciation et qualité de produits

 

Le premier argument pouvant justifier le commerce intra-branche est la différenciation de produits* : La différenciation est l'ensemble des procédés par lesquels une entreprise va obtenir que son produit soit différent de ceux fabriqués par les entreprises concurrentes.

 

On dit que des produits sont différenciés s'ils sont à la fois semblables et différents :

- semblables, parce qu'ils rendent le même service, satisfont le même besoin ou un besoin proche ;

- différents au sens où l'un sera jugé meilleur que l'autre par au moins une partie des consommateurs.

Par exemple, quel choix pour un téléphone portable qui répond aux mêmes besoins ? Quel restaurant choisir pour un repas entre amis ? Quelle musique écouter pendant que je me détends ? … Pour tous ces choix, le consommateur a plusieurs possibilités pour un même besoin et pourtant son choix s’appuie sur des préférences qui lui font choisir un bien ou un service plutôt qu’un autre.

 

La recherche de la différenciation peut expliquer le commerce entre pays comparables puisque les firmes dont les produits se positionnent sur une certaine gamme (correspondant à un certain niveau de progrès technique et de pouvoir d'achat des clients potentiels) vont chercher à écouler ces produits sur des marchés susceptibles de les acheter. Par exemple, les produits "haut de gamme" produits par des firmes issues des pays les plus développés économiquement s'écouleront d'abord sur des marchés où les consommateurs ont un fort pouvoir d'achat ; a priori des pays économiquement comparables ou proches du pays d'origine de la firme. Les voitures allemandes haut de gamme ciblent les marchés des pays les plus riches, c'est-à-dire ceux où le pouvoir d'achat de la clientèle est proche du pouvoir d'achat allemand (France, UE, clients fortunés des BRICS, ...).

 

 

La différenciation des produits peut être une justification de l’ouverture des échanges : en s'ouvrant à la concurrence étrangère, un pays offre à ses consommateurs un choix plus large dans chaque catégorie de biens, et ce d'autant plus que la différenciation des produits est importante. On peut même dire qu'en retour, l'intensification de la concurrence pousse les entreprises à se différencier les unes des autres, autant que possible, ce qui accroît cette « offre de diversité » en quantités de produits (les biens et services sont accessibles en plus grand nombre que s’ils étaient produits uniquement par les producteurs nationaux) et en qualité (la concurrence entre les firmes du fait de l’ouverture les amène à proposer les produits les plus performants possibles au prix le plus faible).

 

Source utilisée (d’après) :         
http://ses.webclass.fr/notion/differenciation-produits

 

 

B) Pourquoi des pays comparables commercent-ils ?
Un effet sur l'organisation de la production : La fragmentation de la chaîne de valeur

 

La chaîne de valeur* désigne l'ensemble des activités productives réalisées par les entreprises en différents lieux géographiques au niveau mondial pour amener un produit ou un service du stade de la conception au stade de la production et de la livraison au consommateur final.

Ces activités englobent selon les cas la recherche-développement, la conception, la production, la commercialisation, la distribution, la vente au détail, et parfois même la gestion et le recyclage des déchets.       

 

Chaîne de valeur de Porter : concept et exemples

 

Aurélien Duthoit, Xerfi Canal Comprendre la chaîne de valeur 
https://www.youtube.com/watch?v=l7gKZODNNLU  

 

La « fragmentation de la chaîne de valeur » désigne un processus lié au à l’accélération de la mondialisation depuis les années 90 et marqué par plusieurs tendances fortes : l’affirmation du rôle des firmes transnationales* (FTN), l’émergence de nouveaux pays dans le commerce international (les « BRICS »), le développement des technologies de l’information et de la communication (TIC) notamment.

 

Firme multinationale ou transnationales* : entreprise ayant implanté une ou plusieurs unités de production hors de son territoire national d'origine.

 

Dans ce contexte, les firmes n’abordent plus l’ensemble des activités de production à l’échelle d’un pays mais au niveau international de manière globale : soucieuse de compétitivité*, elles élaborent leurs stratégies en localisant et délocalisant dans l’ensemble du monde les étapes de production selon les objectifs qu’elles définissent.   

 

La compétitivité* désigne en général la capacité pour une entreprise ou une économie à conquérir des parts de marché en affrontant la concurrence.     

 

 

DOCUMENT 2 : Des exemples de FTN

 

Top 20 des FTN (firmes transnationales) en 2018 : quels documents ...

 

McDonald’s, une logique internationale de franchises

 

Le monde Mcdonalds - Les Multinationales: Mondialisation ou ...

 

Airbus A380 : une stratégie européenne

 

 

Questions :
1) Dans quels secteurs trouve-t-on les plus grosses FTN ?  

2) Pourquoi peut-on parler de FTN dans ces exemples ?     
3) Illustrer l’idée de « fragmentation de la chaîne de valeur » grâce aux documents.

 

 

Le contexte global du commerce international a permis de scinder la chaîne de valeur, et de déterminer la localisation des activités de chaque maillon dans une optique de réduction des coûts. La mondialisation des chaînes de valeur se traduit donc par une fragmentation physique du processus de production, dont les différentes étapes sont réalisées en des lieux distincts suivant une logique d’optimisation. On parle aussi de division internationale des processus de production (DIPP).

 

La mondialisation des chaînes de valeur a entraîné un accroissement des échanges intra-branches dans la mesure où les firmes qui produisent et vendent dans des économies structurellement proches ont tendance à localiser des parties de leur production dans ces zones pour bénéficier de gains en transport, logistique, connaissance du marché, capital humain, etc …        

Concrètement, une firme à haute valeur ajoutée qui cible un marché où les niveaux de vie et de consommation sont élevés aura tendance à trouver les éléments déterminants de sa chaîne de valeur (capital, qualification du travail, technologie, logistique, ...) dans des zones spatialement et économiques proches des caractéristiques de son pays d'origine. Les consommateurs qui cherchent des voitures haut de gamme, par exemple, trouveront ces véhicules dans des zones à capital humain élevé dans lesquelles les caractéristiques économiques sont proches de celles de ces consommateurs. Les français achètent des voitures aux allemands (haut de gamme) qui achètent des voitures françaises (haut et milieu de gamme).

 

Par exemple, une firme américaine qui vend ses produits en France et autour pourra localiser une partie de sa production en France (cf Honeywell, norske skog, Toyota Valenciennes). Ces localisations et échanges expliquent aussi que nous produisons aussi pour des économies comparables.

 

DOCUMENT 3 : Ford Espagne et la fragmentation des chaînes de valeur

 

L'Organisation du Commerce Mondial | Superprof

 

Questions :  
1) Quelle est la nationalité de Ford ?     

2 Pourquoi fabriquer la Ford Fiesta en Espagne ?      
3) Quelle est la stratégie de Ford Espagne ?   
4) En quoi cette stratégie favorise-t-elle le commerce entre des pays comparables ?

 

 

 

Sources utilisées dans cette section :     

http://ses.webclass.fr/notion/differenciation-produits

https://www.glossaire-international.com/pages/tous-les-termes/chaine-de-valeur-mondiale.html

https://www.oecd.org/fr/sti/ind/38558122.pdf



01/03/2020