DEVOIR 7 CORRECTION : REDACTION DE L’EC3
DEVOIR 7
Raisonnement appuyé sur un dossier documentaire
CORRECTION : REDACTION DE L’EC3
Sujet : À l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous expliquerez quelles sont les défaillances du marché
La question du climat inquiète les populations mondiales au regard des conséquences inconnues de sa détérioration. Les économies nées de la révolution industrielle ont trop longtemps ignoré la question environnementale, considérant les ressources naturelles comme illimitées et disponibles à la seule satisfaction des hommes. Le réchauffement climatique constitue une conséquence directe du manque de prise en compte de la qualité du climat dans le calcul économique et marchand.
Le marché est un lieu réel ou virtuel où se confrontent les offres et demandes d’un produit. Si les économies de marché (EDM) apparaissent comme la meilleure forme de régulation économique, il semble qu’elles négligent certaines limites du marché, c’est-à-dire des situations où le recours au marché est inefficace voire impossible.
Le marché ne peut donc réguler à lui seul l’économie car il ne correspond pas toujours à la meilleure solution quant à l’organisation des activités économiques.
Après avoir présenté le marché et les raisons qui ont imposé les EDM, nous verrons que les marchés connaissent 3 grands types de défaillances.
Notre système économique est une économie de marché (EDM) : la plupart des biens et des services que nous consommons sont achetés sur des marchés qui déterminent leur prix. Ce prix est un signal pour les consommateurs et les producteurs. Un marché désigne un lieu virtuel ou réel où les offres et les demandes d'un produit se confrontent librement. De cette confrontation résulte le prix du produit ou de la marchandise.
Les économies de marché se sont imposées comme principal mode d’organisation des sociétés depuis la fin du XVIIIème siècle (révolution industrielle). Cette évolution s’est produite d’abord dans les pays de l’Europe occidentale (RU, F, Allemagne, etc…) puis aux EU au cours du XIXème siècle. Progressivement avec la mondialisation, cette organisation devient majoritaire dans le monde : Japon, Amérique latine dans la seconde moitié du XIXème siècle, Asie au XXème siècle, etc … L’histoire économique apparait ainsi comme celle de la diffusion progressive des mécanismes de marché à l’ensemble de l’économie mondiale. Par exemple, la Chine se convertit au modèle dans les années 90 en profitant de son adhésion à l’OMC, annonçant le développement économique des années 2000 des « BRICS ».
L’émergence des EDM s’explique par des causes idéologiques et des causes économiques. En effet, le marché n’existe pas spontanément : c’est une institution. Il faut des lois, des règles et des pratiques qui favorisent son fonctionnement. En ce sens, les économies de marché constituent des constructions politiques, voulues par les acteurs de l’économie (institutionnalisation du marché). Comment justifier ce choix ? D’abord, par des causes idéologiques : le marché défend les libertés individuelles. En marge des nouvelles libertés politiques qui fondent la démocratie (liberté de penser, liberté d’opinion, liberté de conscience religieuse, état de droit, égalité juridique et politique des citoyens), des libertés économiques sont affirmées : liberté d’entreprendre, liberté du travail, droit de propriété. Par exemple, on considère désormais que le droit de propriété constitue une affirmation fondamentale de l’individualité dans nos démocraties modernes.
L’EDM se justifie aussi par des causes économiques : le marché permet d’augmenter la richesse du pays. Si l’EDM est devenue la forme dominante d’organisation économique dans le monde, c’est qu’elle a permis aux pays qui l’ont mise en place de connaître une explosion de leur richesse nationale qui a profité à leurs habitants. Le marché apparaît comme la meilleure façon de stimuler la richesse d’un pays et d’un individu. C’est ce choix du marché qui explique par exemple, les récents progrès économiques de pays considérés autrefois comme « en développement » comme le Vietnam ou la Thaïlande.
Cependant le marché ne permet pas toujours de trouver cet équilibre ou de créer la meilleure situation possible pour l’économie et la société (optimum) : on parle alors de défaillances du marché. Dans quels cas peut-on rencontrer des marchés défaillants ? Nous allons voir 4 cas dans lesquels le marché ne se présente pas comment la meilleure régulation.
D’abord le marché est défaillant en présence d’externalités. On dit qu'il y a externalité pour désigner les effets économiques positifs ou négatifs de l'activité d'un agent économique sur le bien-être des autres agents, sans compensation monétaire. En général, ces effets sont involontaires. On parle d'externalité positive dans le cas d'un gain (par exemple, une usine crée dans un village va attirer des familles qui permettra à l'école d'augmenter le service rendu à l'ensemble de la collectivité), d'externalité négative dans le cas d'une perte (par exemple : la pollution a des externalités négatives parce qu'elle impose des coûts de dépollution à la collectivité). Le marché ne permet pas toujours d'intégrer dans le prix de production les coûts liés aux externalités négatives, ni les gains en cas d'externalités positives. Ainsi, le libre fonctionnement du marché peut inciter à produire des biens à externalités négatives puisque leur coût est minimisé, et n'incite pas toujours à produire des biens à externalités positives puisque leur valeur est minimisée. C’est par exemple le cas de la pollution quand le pollueur n’est pas responsabilisé quant aux coûts induits par sa pollution (nettoyage des eaux, ramassage des déchets, purification de l’air, …). Cette limite au marché est présentée dans le document 1 (Généreux, 2001) qui souligne que les externalités positives ou négatives peuvent trouver leur source dans la production ou la consommation : « Les externalités peuvent trouver leur origine soit du côté de la production, soit du côté de la consommation ». L’auteur évoque ainsi le cas de la pollution liée à la production industrielle : « La pollution engendrée par un site industriel est un exemple d'externalité de production dans la mesure où elle résulte de l'activité productive et que ses coûts ne sont pas supportés par l'entreprise polluante ». Et parle d’externalité de consommation pour l’impact d’un fumeur : « Le fait de fumer en public constitue en revanche une externalité de consommation car l'impact négatif de cette activité sur le bien-être des individus tiers provient de la consommation par le fumeur de sa cigarette ». Dans ces 2 exemples, le pollueur n’est pas le « payeur » : il n’est pas tenu responsable des coûts des externalités qu’il produit ; le prix ignore ces « sur-coûts ». Le document 3 (Éloi LAURENT et Jacques LE CACHEUX, 2012) prend un angle plus général quant aux externalités environnementales puisqu’il compare sur un siècle (entre 1890 et 1990) l’évolution de la population mondiale (X4) et de la production industrielle (x40) et l’accélération de l’exploitation des ressources et l’explosion de la pollution : sur la période la consommation d’énergie a été multipliée par 13, les émissions de CO2 (GES) par 17 alors que la superficie totale des forêts reculait de 20%. Notre mode de production crée des externalités négatives sur la planète.
Ensuite, le marché est-il défaillant en présence de biens communs. Les biens communs sont des biens qui sont rivaux (leur utilisation par un agent empêche leur utilisation par un autre agent) et non excluables (on ne peut pas en empêcher l’accès). Les ressources halieutiques, les nappes d'eau souterraines, le climat, la biodiversité, etc. sont des biens communs. Compte-tenu de leurs caractéristiques, les agents économiques cherchent à s’approprier le plus possible de ces biens, ce qui conduit à une « sur-exploitation » du bien, particulièrement « tragique » dans le cas des ressources naturelles (« tragédie des biens communs »). Le marché est défaillant dans ce cas car les caractéristiques du bien ne permettent pas de lui donner un prix résultat d’un équilibre qui puisse intégrer le risque possible de disparition du bien. Par exemple, les zones de pêches exploitées par des compagnies de pèche risquent d’être vite taries, le cout induit par la disparition des poissons (ressources) n’étant pas inclus dans le prix de vente des poissons.
Par ailleurs, le marché est-il défaillant en présence de biens collectifs. Les biens collectifs sont des biens non rivaux (la consommation d’un agent n’empêche pas celle des autres) et non excluables (il est impossible d’en empêcher l’accès). L’éclairage public, un cours de SES, la sécurité sont des biens collectifs. Compte-tenu de leurs caractéristiques, il est difficile de déterminer le prix des biens collectifs : étant disponible pour tous, qui voudrait le payer ? De plus, la prise en charge collective peut répondre à des objectifs d’intérêt général ou d’égalité. Le marché est défaillant dans ce cas car les caractéristiques du bien ne permettent pas de lui donner un prix résultat d’un équilibre qui puisse rendre le bien collectif rentable pour un producteur. Par exemple, une école gratuite permet d’ouvrir l’école à des enfants issus de familles défavorisées dans un but démocratique ; le prix (nul) ne prend pas ici les coûts réels du système éducatif financé globalement.
Enfin, l’échange marchand peut-être fragilisé en présence d’asymétries d’information. Une asymétrie d’information désigne une situation sur un marché pour lequel l’un des acteurs ne dispose pas de la même information que les autres intervenants sur ce marché. C’est notamment le cas du marché de l’occasion : les économistes évoquent souvent l’exemple du marché des voitures d’occasion sur lequel le vendeur connaît l’état réel du véhicule contrairement à l’acheteur potentiel. Le document 2 (Pour l’éco, 2019) évoque cet exemple en montrant que dans ce cas, le marché n’aboutit pas à une situation d’équilibre : « Un phénomène de « sélection adverse » est donc à l’œuvre : les voitures de piètre qualité chassent du marché les bonnes voitures. L’asymétrie d’information conduit ainsi à un équilibre inefficace ». On peut aussi évoquer l’achat sur le net quand l’authenticité du produit est douteuse, surtout quand le prix est « hors marché ». Cet état de « méfiance » résultant de l’asymétrie d’information peut amener le demandeur à ne pas échanger. Sur le marché du travail, par exemple, l’employeur potentiel peut hésiter à embaucher un travailleur peu expérimenté dans la mesure où, malgré l’affichage des motivations du candidat, sa productivité reste incertaine. Dans ces situations, le marché est défaillant car il aboutit à une situation sans échange, c’est-à-dire sans équilibre.
On le voit, le marché n’est pas toujours la meilleure solution pour réguler l’économie : il aboutit parfois à des situations où le prix ne reflète pas la réalité de la production et de ses coûts, des situations qui détruisent les ressources ou ne trouvent tout simplement pas d’équilibre.
Le marché a donc besoin d’être soutenu pour fonctionner parfaitement quand la régulation marchande est incapable de mener à une situation économique et sociale optimale. Il faut un cadre favorable et extérieur au marché pour maintenir la confiance et favoriser le bien-être de la société. C’est notamment le rôle des pouvoirs publics. Comment peuvent-ils remédier aux défaillances du marché dans les EDM ?
UNE GRILLE D’EVALUATION (sur 10) :
FORME 4 |
FOND 6 |
Une intro (4§) séparée du développement (1 point) |
Rappel de la notion de marché +EDM (1 point) |
Un développement composé d’au moins 3 § (avec alinéa) NON ESPACES (1 point) |
L’EDM et le marché se justifient (3 raisons) : 1 point |
TOUS les docs sont utilisés (nommés, expliqués, cités) (1 point) |
Le marché à 3 défaillances (définition, problèmes et illustrations) 4 points
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Une conclusion (2§) séparée du développement (1 point) |