DEVOIR 3 - EC3 : UNE REDACTION
SUJET : A l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous expliquerez comment le progrès technique peut engendrer des inégalités de revenus.
FORMES 4 |
FOND 6 |
Une intro séparée du développement 1 |
Définir progrès technique, innovations, enjeu sur la croissance et l’avantage techno dans les EDM 2 (BLOC1) |
Un développement composé d’au moins 3§ NON SEPARES avec alinéas 1 |
Le PT a un impact NEGATIF sur les salaires et la quantité d’emploi des salariés à faible capital humain 2 (BLOC2) |
Tous les documents sont utilisés : nommés, expliqués, cités 1 |
Le PT a un impact POSITIF sur les salaires et la quantité d’emploi des salariés à faible capital humain 2 (BLOC3) |
Une conclusion séparée du développement 1 |
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La prochaine révolution industrielle pourrait bien être liée à l’intelligence artificielle (IA). Mais contrairement aux précédentes qui touchaient plutôt des emplois peu qualifiés, les effets de l’exploitation industrielle des IA pourraient aussi toucher des emplois plus qualifiés voire hautement qualifiés. Les grèves récentes des acteurs américains soucieux de préserver leurs droits à l’image soulignent les nouveaux espaces économiques menacés par cette innovation.
Le progrès technique (PT) désigne au sens large une amélioration des performances de l’économie. Il se traduit par une suite d’innovations significatives. L’impact du PT a été souligné par Joseph Schumpeter qui lie l’histoire du capitalisme à celle des innovations.
Parmi ces effets, au-delà des enjeux strictement économiques, il faut dégager des effets plus sociaux : le PT a un impact sur la dispersion des revenus du travail selon que celui-ci soit lié ou non aux secteurs innovants. Le PT participe au creusement des inégalités de revenu.
Après avoir spécifié les notions clés du sujet, nous décomposerons les effets du PT sur les inégalités de revenu en analysant ses effets sur le haut et le bas de la hiérarchie salariale.
Le PT correspond à l’amélioration des performances d’une économie, fruit de l’insertion d’innovations majeures dans l’économie. Par exemple, les technologies du numérique ont bouleversé la façon de produire et de vendre tout au long de la chaîne de valeur des grandes firmes. De ce fait, le PT est l’une des sources de la croissance économique, comme le mesure les données de la productivité globale des facteurs (PDF). Fort de cette importance, les pays et les firmes tentent de rendre le PT « endogène » en investissant en amont de la production et de l’innovation en recherche-développement, source du PT futur. Ainsi, dans le cadre de la concurrence mondiale, les pays et les firmes peuvent développer ou entretenir un avantage technologique, à l’image de la firme Apple dont les iPhones témoignent d’une volonté d’amélioration technologique permanente.
Très logiquement, ces choix de stratégies de différenciation technologique ont une incidence sur les secteurs qui en dépendent. Schumpeter a démontré l’impact global du PT sur les révolutions économiques en introduisant l’idée d’une « destruction créatrice ». La destruction créatrice est le processus de disparitions d’activités productives remplacées par de nouvelles activités du fait du progrès technique. Pour Schumpeter, l’innovation et le progrès technique constitue la dynamique du capitalisme : celui-ci est sans cesse bouleversé par des innovations qui rendent obsolètes les techniques et technologies anciennes au profit des nouvelles vagues d’innovations. L’innovation peut s’accompagner de destruction créatrice en ce sens que, dans le même moment économique, des secteurs innovants émergent alors que ce mouvement précipite le déclin des secteurs économiques en déclin. On comprend que ces 2 mouvements impactent les travailleurs de ces 2 types de secteur, y compris en augmentant les inégalités entre « gagnants » et « perdants » de l’évolution. On évoquera les inégalités de revenus. Les inégalités sont des différences entre individus ou groupes sociaux qui se traduisent en termes d'avantages ou de désavantages. Ces situations peuvent fonder une hiérarchie entre ces individus ou groupes. Il faut distinguer inégalités économiques et sociales. Les inégalités économiques désignent les inégalités ayant trait aux revenus, aux patrimoines, à l'emploi, ou aux salaires. Ici, c’est la détention de ressources économiques qui structure l’avantage ou le désavantage.
Comment le progrès technique peut être à la source des inégalités économiques ? On peut analyser ces effets en 2 points selon le niveau de qualification des travailleurs.
D’abord, dans un contexte de concurrence accrue par la mondialisation, les employeurs tendent à développer des avantages technologiques en augmentant notamment leur capital humain c’est-à-dire l'ensemble des compétences qualifications et expériences accumulées par une personne qui déterminent sa productivité. Le document 1 insiste sur cette importance du capital humain, facteur de croissance économique : « À l'origine, ces modèles n'accordaient pas une grande importance à l'impact du niveau d'éducation ou de la qualité du travail sur la croissance économique. Mais les choses ont peu à peu changé et, depuis le début des années 60, on s'accorde de plus en plus sur le rôle crucial que les individus jouent dans la croissance économique en raison de leurs talents, de leurs connaissances et de leurs compétences ». Les travailleurs les plus qualifiés sont ceux qui sont les plus compétents relativement au progrès technique. En tendance, le rôle du progrès technique accroît donc la demande de travail qualifié par rapport à celle de travail peu qualifié. Un mouvement amplifié par le déplacement de la demande de biens vers des secteurs qui utilisent beaucoup de travail qualifié, comme les services financiers, l'éducation, la santé ou l'informatique, alors que les secteurs en déclin tels que l'habillement, la métallurgie ou le bâtiment, utilisent une main-d’œuvre relativement moins qualifiée. Dans ce contexte, les rémunérations des travailleurs les plus recherchés a donc tendance à augmenter plus vite que celles des autres salariés.
Ensuite, A l'autre bout du spectre des revenus, le progrès technique, qu'il prenne la forme d'une mécanisation accrue ou d'une nouvelle organisation, peut également conduire à supprimer des postes. C'est ainsi que le passage au travail à la chaîne a autrefois réduit la demande d'ouvriers qualifiés, remplacés par des machines et par des ouvriers non qualifiés. Les progrès techniques actuels, en particulier l'informatique, économisent plutôt du travail peu qualifié : les scanners accélèrent le travail de saisie, les machines trient le courrier ou les chèques. Mais l'informatisation supprime aussi des emplois intermédiaires, comme ceux de secrétaires ou de dessinateurs industriels. Ces tensions sur l’emploi peu qualifié créent des conditions de stagnation voire de baisses des salaires car menacé de disparition ou concurrencé par les emplois des pays à bas salaire. Dans le document 2, l’impact du PT sur l’automation est d’autant plus fort que le pays est en développement (travailleurs moins qualifiés) : Chine 12 à 102M d’emplois menacés d’ici 2030 / Autres PED 10 à 72M d’emplois menacés d’ici 2030. Mais les pays plus développés sont aussi menacés (EU : 16 à 54M). Le document 3 illustre l’impact du PT sur le salaire des travailleurs selon l’âge au RU pour la période 2004-2016. Le salaire horaire des travailleurs britanniques peu qualifiés stage après 34 ans quel que soit leurs entreprises (autour de 9/10 £ pour les innovantes, autour de 8/9£ pour les non innovantes) puis baisse après 54 ans. Les travailleurs les plus âgés sont ceux qui sont les plus éloignés de l’innovation (sauf formation continue). De plus, les salaires dans les entreprises innovantes sont supérieurs à ceux des entreprises non innovantes quel que soit l’âge. C’est particulièrement vrai entre 30 ans et 54 ans (écart de 1,5£ en moyenne).
Comme nous l’avons vu, l’impact du PT sur les inégalités de revenu doit être nuancé selon la qualification des travailleurs.
Pour autant, si le progrès technique peut engendrer des inégalités de revenu, il permet avant tout de créer davantage de richesses, de répondre aux défis technologiques et environnementaux auxquels les pays sont confrontés. Il est alors du ressort des politiques publiques de créer les incitations à un PT qui permettrait à la production d’entrer dans une « croissance verte ».